Président du ME93
Un débat vient de naître sur la levée de la protection des brevets des vaccins qui doivent protéger l’humanité des effets dévastateurs de la COVID. Ce débat met au premier plan la réflexion philosophique sur le rôle de l’entreprise au cœur de notre société moderne. Il nous interpelle violemment sur le positionnement du « bien commun » dans notre échelle des valeurs. L’ampleur humaine, sociale et économique de la pandémie nous conduit inexorablement à nous interroger sur ces échelles de valeur.
Nous, chefs d’entreprises engagés, nous avons une responsabilité majeure dans l’organisation de notre vie sociale et économique. Au-delà de notre obligation quotidienne de management de nos entreprises, l’impact de nos décisions sur la vie sociale, sur l’avenir de la planète et son organisation est devenue une évidence : notre responsabilité sur la gestion du « bien commun » est maintenant inscrite durablement dans nos missions.
Nous nous trouvons donc confronté à une contradiction majeure entre deux obligations contradictoires, la première : assurer le développement de nos entreprises, la seconde : prendre en compte une gestion optimum du « bien commun ». Certains auteurs très engagés dans une stratégie environnementale considèrent que développement et croissance ne peuvent exister sans consommation supplémentaire d’énergies fossiles, productrices de gaz à effet de serre. Il y aurait donc un conflit d’intérêt majeur entre « bien commun » et « croissance ». La croissance verte, pour eux, serait de la poudre aux yeux n’apportant aucune réponse fiable aux objectifs de préservation de la planète.
Les raisonnements qui eurent cours pendant les trente glorieuses étaient quasi exclusivement ceux basés sur la rentabilité financière au point d’aller jusqu’au bout de ceux-ci avec l’émergence des produits financiers dérivés permettant une création artificielle de richesses sans passer par le processus de transformation.
La faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 a sonné le glas de ces raisonnements exclusivement financiers. La perception, par le grand public, des dérives des modalités de production conduisant aux modifications climatiques et au déséquilibre de la biodiversité a provoqué une remise en cause des fondements même de notre système de production et une volonté de revoir les finalités de notre vie économique.
Dans ce nouveau contexte, deux approches se font face, celle des conservateurs des raisonnements anciens et ceux qui souhaitent mettre en place un autre système de références. Les premiers intègrent la notion quantitative de la production. La réduction drastique des prélèvements d’énergies fossiles conduit à l’émergence d’une politique de non-croissance voire, pour les plus extrémistes, de décroissance. Les seconds donnent à la vie économique de nouvelles finalités intégrant l’ambition qualitative de préservation des grands équilibres de la planète, de responsabilité sociales et sociétales, d’innovations technologiques respectueuses des deux premières pour conquérir des gains significatifs de « bien-être ».
Les premiers ont un discours simple, facile et d’apparence incontestable, les seconds n’ont pas encore atteint les résultats innovants permettant de construire une communication moderne porteuse d’espoir et de confiance en l’avenir, la direction de cette « nouvelle frontière » est largement ouverte, il manque ce petit déclic qui montrera la qualité de cette direction et son bénéfice pour l’humanité.
Le ME93 a fait le choix de se ranger derrière les seconds et a pris la décision de mettre en valeur les jeunes entreprises qui vont dans cette direction. Lors de notre assemblée générale du 30 juin et du Summer Cocktail qui suivra nous décernerons 4 trophées qui exprimeront cette vision positive du développement et de la croissance vers l’appropriation du concept du « bien commun ».